Furinkazan,  Textes

28 ans

La mort d’un jeune homme. Pas si proche. Salué à plusieurs reprises, un moment partagé pour jouer au basket, de nombreuses occasions de mieux se connaître, et rien, pas d’échange réel. Puis cette nouvelle bouleversante et un peu irréel, d’une maladie que je sais incurable, plus ou moins rapide, douloureuse et si rare à cet âge. Ma tristesse et considération sont sincères, mais transposées à un être potentiel, à l’éventualité d’un tel événement dans ma famille proche, mon jeune frère, mes amis, mes frères. J’essaie sans fin de me représenter, de retracer les différentes phases qu’il a du traverser, or ces émotions restent transcendantes, absolument inatteignable pour un être un bonne santé, comme moi. Ces jeunes hommes et femmes, souffrent, leur peau est fine et transparente, certains n’ont même pas le temps de réaliser pleinement qu’ils vont mourir, et s’éteignent avant. Ils sont là, juste à côté de moi, et je ne parviens pas à les voir. Une distance étrange m’empêche de comprendre réellement. Et pourtant, les larmes coulant sur les joues barbues de ses amis, la voix tressaillant et tentant de prononcer quelques paroles vaines dans ce moment absolument tragique, l’immensité du ciel où virevoltent trois oiseaux noirs, le silence sourd et épais, couvert par le bruits de la terre sur le cercueil, l’autoroute au loin et les gazouillis, tentent d’extirper des pleurs, chauds et incontrôlables, du fond de ma poitrine, comme des ombres de mains acérées, plongeant dans ma gorge, en direction de mon cœur.
Puis subitement une envie irrésistible de figer le temps, de s’extraire du flux d’images et de sons quelques heures…

Furinkazan

Octobre 2011