Furinkazan,  Textes

Implosion

Les montagnes enneigées s’alimentent de ma force, intègrent mon énergie pour la détruire implicitement et complètement.  Annihilation de mon souffle qui flotte juste devant ma bouche, se balance insensiblement devant moi, vit et périt juste après.

Mâchonnement de chewing-gum dans ce continuum entre un menton informe et un cou gras, surplombant deux joues flasques et pendant à moitié.

Consistance morne projetée par des yeux bleus indifférents, flottant de manière insignifiante, traînant à hauteur de ce regard vide, insipide et mort, vivant mais mort…. 

La mastication bovine se poursuit, malgré la fermeture de cette sacoche informe noire, faite de pétrole et compressée. Je reste dans une intimité partagée, une animalité spontanée et naturelle, sans jeux, sans hypocrisie. 

Aspiration de la substance autour de moi, les mots du morceau entendu mangent ma quintessence, me signifient et font naître mon antagonisme. Les teintes de mon portrait se dissipent lentement, à fur et à mesure que mon image s’écoule au rythme du liquide ajouté par à-coup. Déformation progressive de mes traits, dilution de mon visage, maintenant informe et vulgaire, traînée incompréhensible. Les couleurs se mélangent, le bleu avec le brun et le blanc, filigrane horizontale hachuré. 

Pas de destruction, juste une renaissance anéantie, avortée, irréelle. Réalité de la poire alternée, ombre projetée, corps éclairé par l’ampoule transparente, faisant apercevoir le fils incandescent de mon âme, orangée comme le sang, comme la glaise mélangée à la terre d’Afrique.   

Furinkazan

Avril 2019