Furinkazan,  Textes

Impersonnalité

Sensation de retour, les caractères se meuvent sur mon écran ; une histoire inventée par les hommes, pour les hommes. Complexité de l’intrigue et pourtant les protagonistes semblent simples, inchangés depuis des temps ancestraux avec leur surfaces uniforme pileuse prenant une position iconographique religieuse, ralenti sur un bras semi-fléchi, buste s’avançant, un genou effleure le sol, mêmes parades et relations éphémères ; la pierre, le feu, le sang, 1949…12 546 ans avant J-C…il y a 1 million d’années. 

Impression angoissante et factice d’une continuité unitaire, de l’ensemble des êtres depuis le commencement jusqu’à cet instant précis, cette dernière seconde s’écoulant le long de mes cils enchevêtrés. L’individu projeté sur la toile englobe l’humanité, image triviale d’une espèce décrite risiblement comme complexe, subtile, unique. Entité inimitable ; en réalité une pluralité universelle se déverse hors de cette fenêtre, une réplique infinie et vaine d’un élan primaire, commun à chacune de ces existences fugaces. 

Tout se rejoue, tout se récapitule en une seconde photographique, réduisant au néant de la multitude cette inspiration brève, qui se voulait singulière.   

Furinkazan

Décembre 2020