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Le fou

La Nef des fous, Jérôme Bosch, 1500

Il n’est plus simplement, dans les marges, la silhouette ridicule et familière:  : il prend place au centre du théâtre, comme le détenteur de la vérité — jouant ici le rôle complémentaire et inverse de celui qui est joué par la folie dans les contes et les satires. Si la folie entraîne chacun dans un aveuglement où il se perd, le fou, au contraire, rappelle à chacun sa vérité ; dans la comédie où chacun trompe les autres et se dupe lui-même, il est la comédie au second degré, la tromperie de la tromperie ; il dit dans son langage de niais, qui n’a pas figure de raison, les paroles de raison qui dénouent, dans le comique, la comédie : il dit l’amour aux amoureux, la vérité de la vie aux jeunes gens , la médiocre réalité des choses aux orgueilleux, aux insolents et aux menteurs.

 

Histoire de la folie à l’âge classique, 1972

Michel Foucault

La lithotomie ou Cure de la Folie, Jérôme Bosch, 1494

« Meester snijt die keye ras. Mijne name is lubbert das »