Furinkazan,  Textes

Sperme, Selles et Sang

Tout se mélange sur la surface glane et nacrée de la cuvette, traces odorantes d’une vaine tentative de récapituler cette existence biologique et absconse. 

Décharge libératrice d’une condensation, portée par d’innombrables électrons impétueux et aveuglés, s’incarcérant les uns dans les autres, fusionnant régulièrement à chaque inflexion de mes pensées. Annihilation d’une entière descendance pour la survie de leur créateur, perdant de faite sa seule légitimité; faire subsister son espèce méphitique, se rependant en toute direction comme une nuée de blattes, milliards d’individus minuscules, pour recouvrir rapidement la surface verte de cette sphère paisible et inexorable. Ruissèlement de foutre le long des vals lisses et parfaits s’allongeant pour former ces éternelles et continuelles images corporelles, languissantes et enragées, générés par le modelage sociologique, onirique et numérique, des cellules stèle portant l’empreinte génétique, depuis peu accessible à la manipulation par son propre spécimen. 

Expression éprouvante de l’étron plombé qui obstrue ma vision, déchargeant de toute gravitation chaque particule de cette enveloppe baignée de sueur. Impression de soulagement extatique, proche de l’exhalation d’un dernier souffle de vie, vers un néant inconscient. Enfantement d’un être putride, compaction momifiée des abas tombés en marge des vécus oubliés, débordant du réceptacle vital chancelant sur ma tête inclinée.  

Maïeutique fécale me laissant inerte, vide et temporairement soulagé de cette réalité absurde. 

La brutalité de l’accouchement laisse quelques gouttes de sang vermeille, volutes de fumée écarlate teintant bientôt la totalité de l’eau claire. Saignée prodromique d’une extinction imminente ; le fluide, soutenant faiblement cette mascarade souvent ignorée, s’écoule inexorablement vers les bouches d’égout, pour se lier à celui des autres vivants, de maintenant et d’avant. 

Furinkazan

Juillet 2020