Furinkazan,  Textes

Une force

Aujourd’hui, un homme m’a rappelé à moi-même. Sa condition fragile a réanimé en lui une fibre de vie, saillante, indestructible, s’élevant sans fléchir, insatiablement vers le haut, le ciel, l’avenir, l’avant, en direction de la proue de ce navire en dérive, vers le large. L’élan originel, pur à nouveau, après l’effacement de de tout cynisme recouvrant notre expérience déjà trop vielle et malade, cette énergie de vie naissante et encore innocente des vicissitudes abrasives tournoyant autour de nos êtres afin de les réduire à néant, cette force s’est frayée un chemin à travers ses mots brillants et trébuchants. J’ai reconnu un sentiment oublié depuis longtemps, enfoui au fond de mon être, à l’instar d’un foyer incandescent étouffé, depuis des années, manquant d’oxygène ; cette certitude de pouvoir influer le cours des événements, même de façon minime et temporaire, dans une direction parallèle aux valeurs de vie qui résonnent au fond de nous, s’est matérialisée à travers son sourire, sincère et serin. Diriger son énergie, son temps, investir des efforts extraordinaires dans une réalisation ardue, au détriment parfois d’une facilité factice, afin de contribuer à l’élévation des valeurs même qui constituent notre identité, pierres angulaires qui participeront à l’édification des fondements même de l’âme de nos enfants, qui voguera ensuite d’elle-même au grès de leurs traits de caractère et expériences de vie. Ils sauront retrouver ces assises en tout temps, s’y ferrer afin de résister aux courants de vie ; elles auront le caractère rassurant d’une vielle connaissance, réconfortant d’un foyer accueillant, leur permettant de reprendre leur voyage en confiance et avec sérénité. L’oubli de cette impulsion élémentaire et constitutionnelle au profit d’une attitude résignée, pusillanime, aigrie et désillusionnée n’est pas envisageable.

Furinkazan

Juillet 2017